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3 questions à Loick Menvielle sur le nouveau Baromètre dédié à la santé connectée

Loick Menvielle , Professor, Management in Innovative Health Chair Director

Dans le cadre de la publication du 1er Baromètre « Perception des Français sur la santé connectée* » de la chaire Management in Innovative Health (Bristol Myers Squibb, EDHEC), Loick Menvielle, professeur à l’EDHEC et directeur de cette chaire, en présente l’objectif et revient sur quelques éléments saillants.

Temps de lecture :
30 jan 2023
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Pourquoi vous a-t-il semblé pertinent de réaliser un baromètre sur la santé connectée* ?

D’une part parce que les derniers sondages de ce type commençaient à dater, particulièrement au regard de la place prise depuis le milieu des années 2010 par les objets connectés. D’autre part parce que le sujet de l’innovation dans la santé, essentiellement à travers la santé connectée, est au cœur des travaux de notre chaire de recherche lancée l’an dernier par Bristol Myers Squibb et l’EDHEC Business School, chaire qui s’appuie notamment sur la conviction qu’une santé innovante ne peut pas se faire sans inclusivité, et vice versa. Mais pour mieux comprendre cela, il nous fallait d’abord interroger les Français sur leur perception des différents aspects de la santé connectée.

 

Le baromètre met en lumière un élément assez peu présent dans le débat public : le risque d’un décrochage médical des victimes d’illectronisme. Pourriez-vous nous en dire plus ?

En effet, ce sondage confié à Ipsos, fait apparaitre clairement que les objets et services connectés dans le domaine de la santé ne sont pas des solutions « miracles ». Car si elles sont un eldorado pour de nombreux acteurs privés, elles s’avèrent être inaccessibles pour près d’1 Français sur 5 victime d’illectronisme. Investir massivement dans la santé connectée s’accompagnera dès lors mécaniquement d’une hausse des disparités. Si nous ne repensons pas suffisamment les politiques de prise en charge, de dépendance, de prévention etc., cette médecine personnalisée et participative – car connectée – risque de ne pas (ou de trop peu) bénéficier à des millions de Français, dont les profils identifiés par ce baromètre ne vous étonneront sans doute pas : les « exclus du digital » sont plutôt âgés, de sexe féminin, habitant en milieu rural et ayant un niveau d’éducation inférieur au baccalauréat.

 

Quels résultats vous ont le plus surpris ?

J’ai été interpellé par le volet sur la perception de la légitimité des acteurs de la santé, publics ou privés, qui proposent des solutions connectées. Alors que le volume des données de santé transmises, volontairement ou non, aux fameux GAFAM, est en hausse constante, 7% seulement des personnes interrogées leur reconnaissent une légitimité. De même, la confiance dans une approche algorithmique des diagnostics et modalités de traitement est très faible (moins de 10%), malgré les pistes prometteuses de ces technologies appliquées à la santé. Le médecin reste le référent, avec 3 personnes sur 4 qui lui font « extrêmement confiance ». En tant que chercheur, c’est pourtant la 3e piste, plébiscitée à moins de 20%, qui me semble dessiner l’avenir : celle d’une combinaison entre l’humain et le digital dans son sens large (big data, algorithme, intelligence artificielle…), le premier pouvant redéployer son temps et se concentrer davantage sur son patient en s’appuyant sur une utilisation fine et responsable du second.

 

* La santé connectée inclut l’ensemble des nouvelles technologies - objets connectés, plateformes, applications… - visant à améliorer la santé des patients, englobant à la fois la télémédecine, la télésanté et la m-santé.

 

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