Toqué de pâtisserie !
Passionné par la pâtisserie et farouchement attaché à son indépendance, Sacha Ben Arrous met à son profit toutes les facettes du programme Grande École pour réaliser son projet.
Quel est votre parcours avant votre intégration au PGE ?
J’ai préparé mon bac S dans un lycée public de Castelnau-le-Lez, près de Montpellier. Mon quotidien s’articulait alors autour d’une vie sociale de lycéen et mon goût pour le football et la pâtisserie - que j’envisageais déjà comme une perspective professionnelle. Quand j’avais du temps libre, je multipliais les cours auprès de grands chefs, et je m’essayais aux recettes et aux innovations de Christophe Michalak, Hervé This ou encore Pierre Gagnaire. J’ai même été commis dans un restaurant étoilé de Montpellier !
S’il a été question, pendant un temps, de suivre un cursus spécialisé en pâtisserie, j’ai fait le choix d’intégrer la classe préparatoire ECS du lycée Joffre de Montpellier afin d’atteindre une Grande École de Management. L’idée était triple : d’abord conserver un angle d’étude généraliste et une liberté d’orientation post-master, ensuite me familiariser avec les notions fondamentales pour la création et la gestion d’une entreprise (de pâtisserie ou même de manière générale), et enfin intégrer un programme (le PGE) avec une réelle légitimité dans la sphère professionnelle.
Au-delà de ces objectifs, j’ai pris aussi beaucoup de plaisir, durant la classe préparatoire, à découvrir la géopolitique et me plonger dans les œuvres de Spinoza, Hölderlin, Nietzsche ou encore Hannah Arendt. À tel point, d’ailleurs, que j’ai poursuivi un cursus universitaire en philosophie en parallèle des cours de l’EDHEC Business School.
Quels sont les faits qui ont marqué votre parcours jusqu’à présent ?
D’abord, ma famille, qui joue un rôle de modèle et d’accompagnant depuis le début de mon parcours. Mon frère, par exemple, m’inspire au quotidien par la détermination dont il fait preuve dans ses projets. À 25 ans, il a été consultant chez McKinsey, a gravi quelques-uns des plus hauts sommets en alpinisme et s’efforce aujourd’hui de devenir DJ tout en s’impliquant dans la démocratisation des NFTs. Avec de la volonté, des méthodes adaptées et des efforts, tout est possible.
Ensuite, mon expérience comme commis en restaurant étoilé. Privé de repas, doigts en sang, j’ai rapidement compris que la réalité du milieu diffusée à la télévision était teintée de comportements maltraitants encore bien trop courants.
Refusant de subir de tels agissements, j’ai choisi le PGE pour réduire la dépendance de ma réussite professionnelle au bon vouloir d’un chef. Cela m’a permis aussi de prendre conscience du devoir de bienveillance qu’a un manager envers ses équipes.
Enfin, la lecture de Et Nietzsche a pleuré de Irvin Yalom. Ce livre narrant la rencontre fictive entre Josef Breuer et Friedrich Nietzche a été une vraie révélation. La vie, une étincelle entre deux néants, est bien trop courte pour la laisser dans les mains du hasard. S’il est indispensable d’accepter ce qui ne dépend pas de nous, nous devons faire en sorte de mener notre aventure jusqu’au bout et de « sucer la moelle de la vie » selon l’expression de M. Keating dans le Cercle des Poètes disparus de Peter Weir.
Quels sont les cours du PGE que vous avez le plus appréciés ? Pourquoi ?
Je me suis rendu compte durant mes stages de la difficulté de mesurer l’influence de chaque facteur lors de l’analyse d’une situation économique. Un phénomène peut être lié à 100 variables différentes et prendre la bonne décision passe par identifier les principales tendances. À ce titre, je trouve que les différents cours de Finance et de Data enseignés à l’EDHEC m’ont été indispensables pour mener à bien ce type de mission. J’ai appris à identifier les KPIs pertinents, leurs corrélations et les leviers pour les faire bouger.
Cependant, les cours qui m’ont définitivement le plus marqué sont ceux d’économie comportementale. J’ai apprécié sortir du prisme de l’homo economicus et appréhender la complexité du comportement humain dans les situations économiques. Je ne connaissais pas le nudge par exemple. J’y prête maintenant beaucoup plus attention. De même, j’ai particulièrement apprécié le cours sur les entreprises familiales ; comprendre leurs atouts, leurs formes gouvernances, leurs régimes de successions.
Apparteniez-vous à une association ?
Dès mon intégration à l’EDHEC, je savais que je voulais rejoindre soit Schola Africa pour le projet que l’association portait, soit le Raid EDHEC en raison de mon attrait pour la nature et le trekking. Finalement, mon choix s’est porté sur Schola Africa qui alliait projet à impact, découverte d’une nouvelle culture et diversité des missions. J’ai pu alors découvrir le Sénégal ainsi que les culture Peul et Wolof, participer à des projets éducatifs et de recensement, sensibiliser les jeunes de l’agglomération lilloise et une multitude d’autres projets. De plus, au-delà de l’aventure humaine exceptionnelle et de l’ambiance qui régnait au sein de l’association, en tant que responsable du pôle « subventions et fondations d’entreprises », j’ai eu l’opportunité de manager 7 personnes pour promouvoir le projet de l’association auprès des fondations et des concours inter-écoles.
Comment s’est déroulée votre année de césure ?
Mon objectif était d’acquérir des compétences indispensables au lancement d’une entreprise dans le secteur de la Food. J’ai alors priorisé la finance d’entreprise ainsi que l’apprentissage des enjeux propres au secteur. J’ai donc commencé en audit financier dans le cabinet Ernst & Young (EY) pour approfondir mes connaissances en comptabilité et découvrir les mécanismes/impératifs financiers qui gouvernent les entreprises. Ce stage fut également l’occasion de gagner en rigueur et en rapidité et d’expérimenter divers modes de management en fonction des équipes.
J’ai ensuite rejoint l’équipe Offre de Frichti. J’ai alors pris beaucoup de plaisir à travailler sur la diversité de l’offre et sa bonne adéquation avec la stratégie de l’entreprise. Cette expérience fut d’autant plus enrichissante que Frichti se trouvait en pleine expansion géographique et sur un marché hyperconcurrentiel. L’offre était alors très dynamique ; nous élaborions des menus pour chaque ville selon les goûts spécifiques et les enjeux logistiques en présence. De même, nous référencions des centaines de produits, ce qui me permis de faire de multiples découvertes culinaires comme la scarmoza italienne, le kosheri égyptien ou encore, la vanille bleue de la Réunion.
Vous avez décidé de prendre une année blanche. Parlez-nous de ce projet ? Quels sont vos objectifs ?
Au travers de mes expériences et de mes lectures, je me suis rendu compte que le temps est la ressource la plus rare dont nous disposons. J’avais la sensation qu’il m’était nécessaire de marquer un temps d’arrêt dans mes études pour avancer dans mes projets personnels, d’affiner mes envies et ne pas me laisser porter par l’enchaînement des événements.
J’ai alors fait le choix de retourner, dans un premier temps, à ma première passion, à savoir la pâtisserie. Ainsi, j’ai mis à profit ce temps pour travailler un semestre chez Fou de Pâtisserie, média phare du secteur et réseau de retail à Paris. J’ai alors pu travailler sur l’offre de Noël, organiser des événements avec des palaces comme le Royal Monceau ou Le Crillon et m’investir dans la première édition des Trophées Fou de Pâtisserie (l’équivalent des « Césars » pour le secteur).
J’ai ensuite fait le choix de travailler comme commis boulanger-pâtissier à l’Atelier P1. Ce stage, d’une durée de 14 semaines, était l’opportunité pour moi de m’immerger plus amplement dans ce quotidien si singulier, de gagner en technique, et de remplir les conditions d’inscription au CAP pâtisserie.
Outre la pâtisserie, j’ai aussi pris le temps de voyager. Je suis ainsi parti au Mexique, en Égypte et en Norvège. J’ai alors pu me nourrir de l’histoire des peuples précolombiens mais aussi de celle de l’Égypte Antique et des vikings. Ces voyages furent aussi l’occasion d’observer des paysages somptueux, des phénomènes naturels magiques comme les aurores boréales et la bioluminescence et de me former à la plongée sous-marine.
Quels sont vos projets pour le Master 2 ?
Avec le recul de l’année blanche et ce que j’ai appris sur moi-même, je tenais à finir mon cursus dans une université partenaire de l’EDHEC. Issu de la classe préparatoire, je n’ai pas encore eu l’occasion de m’immerger pleinement dans une autre culture et de parler quotidiennement l’anglais. C’est donc avec joie que j’ai appris mon admission à l’Assumption University de Bangkok pour un semestre.
La Thaïlande est un pays que je connais puisque j’y ai voyagé à deux reprises. Les Thaïlandais sont réputés pour leur hospitalité et la cuisine est exceptionnelle. Féru d’épices, j’ai hâte d’apprendre à utiliser le pandan, les basilics, les poivres et les piments. Cet enseignement est d’autant plus stratégique que les épices s’immiscent progressivement dans la pâtisserie française. Michael Bartocetti, chef pâtissier du George V, a mis par exemple à l’honneur l’alliance du chocolat et des piments avec sa bûche de Noël 2021 !
La culture y est foisonnante. Fasciné par les philosophies asiatiques, je pourrai approfondir ma connaissance du bouddhisme et des principaux syncrétismes qu’on retrouve dans le pays. De même, je découvrirai l’histoire Siam mais aussi celles Khmer et Birmane.
Puis, de retour en France lors du second semestre, je mettrai à profit l’ensemble de mes expériences et me concentrerai pleinement sur la définition précise de mon projet professionnel ainsi que l’obtention du CAP Pâtisserie en juin 2023.