« 15 % des tissus produits dans le monde sont jetés avant même d’être transformés » Marine Viet, fondatrice de la startup Tri’Cycle

Étudiante au sein du programme Grande École de l’EDHEC Business School, Marine Viet est la fondatrice de Tri’Cycle, une jeune startup qui ambitionne de revaloriser les chutes de tissus, issues aussi bien des industriels que des particuliers, pour les transformer en équipements professionnels. Elle a également participé à INNOVA Europe, une compétition européenne sur l’entrepreneuriat responsable.

Temps de lecture :
6 nov 2025
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Marine Viet

Comment est née l’idée de Tri’Cycle ?

 

Je suis passionnée de couture depuis mon plus jeune âge. J’ai appris à coudre à 10 ans avec mes grands-mères, chez qui j’allais tous les mercredis. L’une d’elles récupérait des chutes de tissus pour créer des déguisements pour l’école. En parallèle, plusieurs membres de ma famille travaillent dans le milieu médical, où j’ai constaté le recours massif à des protections jetables (calots, blouses, surchaussures), à usage unique et non recyclables. C’est ainsi qu’est née l’idée de Tri’Cycle : sauver les chutes de tissu des industriels et des particuliers, pour fabriquer des équipements réutilisables, à destination des professionnels (crèches, cantines, cabinets médicaux, hôpitaux).

 

Votre projet associe recyclage et lien social : pourquoi avoir choisi d’intégrer plusieurs dimensions de la responsabilité à votre startup ?

 

D’un point de vue environnemental, c’est aberrant de voir que 15 % des tissus produits dans le monde sont jetés avant même d’être transformés. J’ai donc réfléchi à une solution simple de réemploi de ces chutes. Concernant le volet social, ma grand-mère a lancé en début d’année un atelier de couture chez elle, à destination des personnes âgées isolées. À travers cette initiative, j’ai vu l’opportunité de créer des groupes de couturiers seniors. Cela leur offre un moment convivial, une activité valorisante, et un complément de retraite. L’idée est que chacun puisse contribuer selon ses capacités : découpe, couture, préparation des colis… On s’adapte à tous les profils. Je suis aussi en contact avec Les Petits Frères des Pauvres, et j’envisage de collaborer avec des ESAT*ou des structures de réinsertion.

 

Comment avez-vous concrètement transformé cette idée en projet ? En tant qu’étudiante à l’EDHEC, est-il facile de se lancer dans l’entrepreneuriat ?

 

J’ai intégré le Startup Challenge de l’EDHEC lors de mon année de Master 1. C’est un électif qui m’a permis de structurer mon idée. On est entouré d’étudiants motivés, on bénéficie de coachings réguliers et d’un suivi individualisé de l’équipe d’EDHEC Entrepreneurs, on apprend à défendre son idée devant un jury… Grâce à ce parcours, j’ai pu valider mon concept, créer des prototypes avec ma grand-mère et lancer une structure associative pour simplifier les premières démarches de mon activité. L’école m’a aussi mise en relation avec des contacts clés, comme la mairie de Roubaix. Actuellement en césure, je suis toujours accompagnée par EDHEC Entrepreneurs sur le suivi de mon projet.

 

Comment vous êtes-vous préparée au concours INNOVA Europe, notamment pour l’épreuve orale ?

 

En avril 2025, j’ai été sélectionnée pour représenter l’EDHEC à la finale d’INNOVA Europe, sur le campus de l’ESMT, à Berlin. J’ai eu un coaching intensif pendant l’été avec l’équipe d’EDHEC Entrepreneurs. On a retravaillé le pitch, approfondi les aspects écologiques et économiques du projet, et préparé la présentation en anglais. J’ai dû faire des calculs sur les économies de CO₂, les coûts pour les entreprises, etc. C’était formateur et m’a permis de mieux défendre mon projet.

 

Comment avez-vous vécu la finale du concours, à Berlin ?

 

C’était une expérience incroyable. Pitcher à l’étranger, devant 150 personnes, ça a été impressionnant. J’ai rencontré des jeunes de toute l’Europe, avec des projets entrepreneuriaux liés aux objectifs de développement durable. J’ai aussi eu des échanges avec des professeurs d’universités étrangères, et même une proposition de mise en relation avec le groupe Inditex. Au-delà du volet européen, le concours m’a permis de présenter mon projet à un jury composé de professionnels de l’écosystème entrepreneurial.

 

Et maintenant, comment se dessine la suite pour Tri’Cycle ?

 

Je suis actuellement en train de finaliser les demandes pour un numéro de Siret. À court terme, je veux lancer un projet avec la mairie de Roubaix : pourvoir les salariés des crèches de la ville en équipements durables. Par ailleurs, je souhaite développer un nouveau groupe de couturiers seniors dans la région.

Je pars en stage aux États-Unis en janvier, pour valider la dimension internationale de mon parcours à l’EDHEC. Pendant mon absence, je cherche un étudiant pour reprendre le projet. À mon retour, je veux transformer Tri’Cycle en entreprise, et me consacrer pleinement à son développement.

 

* Les établissements et services d'accompagnement par le travail sont des structures qui permettent aux personnes en situation de handicap d'exercer une activité professionnelle tout en bénéficiant d'un soutien médico-social et éducatif dans un milieu protégé.

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