Interview des Immergés, deux étudiants partis questionner nos comportements
Partis depuis hier, Thibault et Sylvain vont vivre 6 expériences de vie alternative dans le Grand Nord, l’Amérique Latine et l’Asie Centrale. Lumière sur ce projet unique d’expérience de la rupture !
EDHEC : Qu’allez-vous faire exactement pendant vos six mois ?
Thibault et Sylvain : Notre projet se découpe en 6 parties d’1 mois chacune, composées de 3 expériences d’immersion et 3 expériences d’aventures. La partie « immersion » consiste à partager la vie et à aider une communauté locale et coupée du progrès. La partie « aventure » consiste à réaliser une exploration sportive en totale autonomie et sans moyen de communication. Nous partons dans 3 régions du monde, afin d’apprendre des différentes cultures que nous traverserons. Voici notre programme.
Au Pérou et en Bolivie pendant 2 mois
⇒ Parcourir une partie de la Cordillère des Andes en vélo & Rejoindre une communauté dont l’économie est basée sur leurs ressources
En Alaska pendant 2 mois
⇒ Parcourir une partie du fleuve Yukon en canoë & Rejoindre un fermier du Bush
Au Kirghizistan pendant 2 mois
⇒ Parcourir les steppes kirghizes à pied & Rejoindre une communauté de semi-nomades
Quel est votre objectif ?
Tout en bouleversant et améliorant nos modes de vies, le progrès technologique a totalement bouleversé notre manière de penser et d'agir. Nous incarnons une génération qui vit pleinement cet impact sur nos comportements. Dans une société hyper-connectée, la volonté de déconnexion se fait de plus en plus ressentir, et ce notamment auprès des jeunes. Nous voulons comprendre pourquoi. Nous pensons que l’expérience de la rupture et de la déconnexion est un bon moyen de questionner ces 2 constats. Nous partons donc « nous immerger », pendant 6 mois, dans 6 expériences de vie coupées du progrès technologique. Nous voulons ainsi, via cette expérience, comprendre l’impact qu’a eu le progrès sur l’évolution de nos comportements, tout en gardant un regard critique sur notre démarche et en s’interrogeant sur la pertinence d’une alternative.
Avez-vous un fil rouge ?
Nous ne prétendons pas connaître à l’avance les analyses que nous allons tirer de ces expériences. Nous espérons simplement, en nous coupant du progrès, parvenir à mieux comprendre son influence.
1. Interroger notre rapport au progrès technologique
- Temps : Savons-nous encore ce que « prendre son temps » signifie ?
- Interactions sociales : La communication instantanée ne génère-t-elle pas un sentiment d’isolement en modifiant notre manière d’interagir ?
- Individualité : Avons-nous perdu de notre individualité à force de tout partager ?
- Hyper-connectivité : Être déconnecté nous permet-il de renouer avec l’instant présent ?
- Consommation : Ne plus avoir accès à une large quantité de choix est-il libérateur ?
- Nature : Où en sommes-nous dans notre relation avec la nature ?
2. Interroger le fantasme de vouloir partir et vivre déconnectée
Nous souhaitons garder un regard critique sur cette démarche. Ce type de projet n’est pas inédit et peut même à première vue paraitre naïf. La question est donc : Pourrons-nous et voudrons-nous vraiment nous détacher du progrès pour mieux comprendre son impact sur nos comportements ?
3. Interroger la pertinence d’une alternative au progrès technologique
Il est indéniable que les avancées technologiques ont facilité notre quotidien, et il serait absurde de tout remettre en question. Nous voulons donc analyser les limites qu’aurait une vie déconnectée sur nos comportements. Une vie lente est-elle une vie ennuyeuse ? Le manque de communication et d’accès à l’information peuvent-ils être source d’anxiété ? Plus largement, le progrès est-il si critiquable ?
D'où vous est venue l'idée de votre projet ?
Trois initiatives sont à l’origine de ce projet :
- Une réflexion personnelle : ayant suivi un parcours scolaire bien tracé, nous avions tous les deux depuis le lycée une volonté de déconnexion, d’aventure, et de rupture avec notre mode de penser.
- Un objectif de transmission et de sensibilisation : A l'image du reportage En quête de sens, qui nous a très largement inspiré, nous souhaitons, à notre tour, contribuer à cet éveil des consciences en partageant nos pistes de réflexion.
- Un engagement responsable. Nous souhaitons avoir une action responsable, solidaire et tournée vers le service, mais à travers une démarche différente de celle d’une action humanitaire (soutenir des communautés locales, sensibiliser sur des enjeux socio-environnementaux à travers nos outils de communication, etc.)
Comment comptez-vous communiquer sur votre projet et sur vos réflexions ?
A court terme
- Envoi de newsletters mensuelles : format numérique et cartes postales
- Réalisation de 6 mini-documentaires (web série) pour chacune de nos étapes par une équipe pro basée à Bordeaux.
- Autres publications « légères » sur les réseaux sociaux et notre site internet : portraits, témoignages, photos et articles
A moyen terme
- Réalisation d’un long-métrage documentaire qui relatera nos expériences et nos pistes de réflexion. Celui-ci sera diffusé chez nos partenaires, nos écoles respectives (partenariats établis), et auprès du grand public
- Interventions direct auprès de ce même public
A long terme
- Ouvrir le projet Les Immergés : laisser des prochaines générations ‘d’aventuriers’ reprendre notre projet et relayer leurs expériences et réflexions sur un site de partage
- Tutorat & mentoring : partenariat fixé avec nos écoles afin de participer à leur programme éducatif de sensibilisation sur les problématiques de quête de sens au travail
Avez-vous été aidés et conseillés dans ce projet ?
L’exploration et l’immersion dans des lieux inconnus, parfois hostiles, nécessitent une préparation méticuleuse. N’ayant que peu d’expérience dans ce domaine, nous avons fait appel à un certain nombre de personnes pour nous aiguillier dans l’organisation. En voici les principaux, mais ceci est loin d’être une liste exhaustive :
Pierre-Larry Petrone : explorateur, écrivain-voyageur & navigateur, et membre de la Société des Explorateurs Français (SEF). Il est le parrain de notre association.
Matthieu Tordeur : aventurier et membre de la SEF
Valérie Leonard : photographe professionnelle
Maxime Lainé : fondateur de l'association « Les Engagés »
Brice Portolano : photographe professionnel, à l'origine du projet « No Signal »
Paul Degrées du Loû : fondateur de l'association « Rocket Bike »
Julie Baudin : exploratrice et guide professionnelle
Louis de Corainville : fondateur de l'association « A toi de ramer »
Lila Akal : photographe et fondatrice de l'association « Igapo Project »
François Picard : explorateur et fondateur de l’association « Culture-Aventure »
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Nous nous sommes rencontrés en 2014 en classe préparatoire juste après le lycée, nous avions déjà à cette époque un rêve de voyage d’aventure et déconnexion. Nous avons finalement intégré des écoles différentes et nous nous sommes retrouvés tous les deux en stage à Paris fin 2018. C’est là que nous avons décidé de prendre un an de coupure dans notre parcours professionnel dans l’optique de monter un projet associatif. Nous avions à l’époque aucune idée de ce que nous voulions faire mais nous voulions faire. Ce n’est que fin 2019 que nous avons abouti à ce projet « Les Immergés » qui mélange aventures sportives et immersions.
Merci les Immergés, et bon voyage!
@les_immerges