[PUBLICATION] Que nous enseigne la formation des joueurs de football ?
Le mercato hivernal 2019 vient de se clôturer. Encore une occasion de commenter les niveaux de salaires et d’indemnités de transfert des joueurs de football qui atteignent des montants extrêmes.
Dans le cadre d’une précédente publication en 2018, EDHEC Economics research centre avait abordé la question de la régulation et des outils mobilisés pour réguler ce marché : fairplay financier, salary cap..etc
Dans un nouveau position paper publié en janvier 2019, le pôle de recherche en économie explique pourquoi la stigmatisation du football n’est pas la seule réaction possible. Les chercheurs se demandent en quoi le fonctionnement du marché des footballeurs pourrait servir d’exemple à la formation des jeunes talents sur le marché du travail.
Arnaud Chéron, directeur d'EDHEC Economics, co-auteur de la publication explique :
Malgré le caractère hyper compétitif du marché, la mobilité de plus en plus importante et précoce des joueurs, le football s'est doté d’outils permettent de garantir les investissements dans la formation des jeunes et un certain « ruissellement » des clubs professionnels vers les clubs amateurs.
Moins de 20% des joueurs au sein des clubs en 2018 ont été initialement formés dans ces clubs, avec une baisse de plus de 5 points de ce chiffre en 10 ans. L’âge moyen de la 1ère mobilité internationale est de 21 ans (elle a diminué de plus de 2 ans en 20 ans). Près de 4 fois plus de joueurs migrent avant d’avoir atteint leur majorité. Et moins de 15% des recrutements se font en interne. (Données CIES)
Face à la compétition et la mobilité accrues, quel intérêt pour les clubs d’investir dans la formation sachant qu’ils risquent de se faire « piller » les les meilleurs talents. Le journal L’Equipe a titré « Foot business : le péril jeunes » dans son édition du 14 novembre 2018.
Il faut noter qu’une formation d’un joueur en club représente 3 saisons au moins entre 15 et 21 ans dans le club employeur. Donc recruter à 18 ans permet d’apparaître comme un club formateur, ce qui incite à piller les « vrais » clubs formateurs en faisant venir les joueurs à 18 ans.
Au niveau international le marché a pourtant su se doter d’outils de régulation performants : indemnités de transfert, indemnités de préformation et de formation et contribution de solidarité pour transfert à tout âge."
L’étude montre que ces outils sont efficaces au sens économique du terme car "ils évitent les problèmes classiques conduisant à des sous-investissements et un « hold-up » sur la formation continue. "Les employeurs bénéficient des dépenses engagées par les précédents employeurs en débauchant les salariés."
Cela a pour conséquence de favoriser l’investissement des clubs dans la formation des jeunes.
Ainsi, la France est en tête de la formation de joueurs professionnels : près de 200 jeunes deviennent des joueurs professionnels chaque année. Elle dispose d’outils contractuels spécifiques (apprenti, stagiaire, élite) et d’un bon maillage territorial des structures de formation (15 pôles « espoir », 36 centres de formation associés à des clubs pros)."
EDHEC Economics conclue en s’interrogeant sur l’exemple que pourrait représenter le football dans l’encadrement juridique de la formation bien que demeure le problème du taux d’échec et du coût social des abandons très importants.
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