Explore & master
   |
EDHEC Vox

L'inversion de la courbe des taux annonce t-elle une récession ?

Riccardo Rebonato , Professor

Historiquement une courbe des taux inversée est synonyme de récession à venir, ou plutôt d’une expansion économique arrivant à son terme. Peut-on pour autant en conclure que la courbe des taux nous…

Temps de lecture :
10 jan 2019
Partager

Historiquement une courbe des taux inversée est synonyme de récession à venir, ou plutôt d’une expansion économique arrivant à son terme. Peut-on pour autant en conclure que la courbe des taux nous informe d’une récession imminente ?

Si nous analysons les rendements des marchés obligataires comme des anticipations des futurs taux des fonds fédéraux américains, alors la courbe des taux actuelle nous indique d’une part que le marché anticipe une poursuite par la Fed de son cycle de resserrement monétaire, et d’autre part que la Fed sera néanmoins obligée de baisser à nouveau les taux d'intérêt bien avant que ceux-ci soient revenus à des niveaux proches de leurs niveaux normaux historiques.

Généralement, la difficulté de ce type d’analyse réside principalement dans le fait que les taux d’intérêt reflètent non seulement les anticipations futures, mais aussi la rémunération du risque. Néanmoins l'EDHEC Risk Premium Monitor affiche actuellement des rémunérations du risque très faibles et très proches pour des maturités de 2 et 5 ans. Ainsi, l’anticipation d’une future baisse de taux semble être l’explication la plus plausible par rapport à l’inversion de la courbe des taux actuellement observée, ce qui impliquerait une récession à venir.

Qu'entend-on par "à venir"? Il est intéressant de noter que dès le mois de septembre, la médiane des «blue dots» publiés par la Fed (les « dots », qui se traduisent par « points » en français, représentent les valeurs les plus probables, d’après les membres du comité monétaire de la Fed, pour les futurs taux des fonds fédéraux) a déjà clairement montré un fléchissement entre 2 et 5 ans. On notera avec attention que les autorités monétaires américaines envisageaient déjà en septembre la possibilité de baisser les taux d’ici trois ans : le marché semble donc avoir été un peu complaisant ou «en retard».

La publication des «blue dots» en décembre et les réactions du marché ont été suivis avec intérêt.