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Nouvelle éthique - monde conscient, nouvelle profession

Geert Demuijnck , Professor

Bien ou mal, légal ou illégal : Est-ce si simple ? Dans un monde où les actions et les politiques des entreprises sont de plus en plus scrutées à la loupe, le rôle du responsable de l'éthique et de la conformité s'est retrouvé sous les feux de la rampe....

Temps de lecture :
24 nov 2017
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Il s'agit d'une description de poste relativement nouvelle, qui vise à gérer les responsabilités et les obligations d'une entreprise. Pour obtenir une perspective concrète sur le sujet, nous nous sommes entretenus avec Marie-Agnès Vieitez, directrice de la conformité chez l'équipementier automobile mondial Faurecia, au sujet de certaines questions et de certains défis. Selon elle, cette "nouvelle" profession n'est pas tant une réponse à une nouvelle réalité que le reflet d'une nouvelle prise de conscience. "Nous constatons les inconvénients des organisations qui travaillent en silos, où le service juridique ne parle qu'au service juridique, le service financier au service financier, l'assurance qualité aux personnes chargées de la qualité, et ainsi de suite. La fonction d'un responsable de l'éthique et de la conformité est d'apporter de la transversalité à l'organisation, de s'assurer que les gens font ce qu'il faut.

C'est ce que souligne Geert Demuijnck, directeur de la faculté de l'EDHEC et professeur d'éthique des affaires : "Il y a vingt ans, aucune entreprise n'avait de responsable de l'éthique. Le fait qu'ils existent suggère un changement de mentalité". Comme l'explique Marie-Agnès Vieitez, la raison principale est que les organisations doivent respecter la loi. "Et au niveau gouvernemental, l'État s'efforce de mieux faire respecter les lois qu'il adopte. Pour aller plus loin et satisfaire les parties prenantes, elles ont des règles internes. Aujourd'hui, les entreprises cherchent généralement à améliorer la façon dont les employés respectent ces règles.

Nouvelles attentes

Selon Marie-Agnès Vieitez, l'impact le plus important sur la conscience des entreprises aujourd'hui est peut-être "le nouveau niveau d'attente de la part de la société civile et de l'humanité dans son ensemble". Avec un accès plus facile à la connaissance de problèmes tels que la corruption ou le travail des enfants, par exemple, il y a maintenant des gens dans la rue qui expriment leur protestation. Cette pression de la communauté ne passe pas inaperçue et est relayée par les médias. Ce phénomène des plus modernes a pour effet particulier de créer des points de pression à plusieurs niveaux, attirant l'attention de plusieurs groupes de parties prenantes. Les organisations ont appris, ou apprennent rapidement, à respecter les règles du jeu. "De nos jours, explique Marie-Agnès Vieitez, une entreprise dispose d'un code d'éthique pour montrer ce en quoi elle croit, et d'un service spécialisé pour s'assurer que les gens comprennent et respectent ce code. Selon elle, il n'y a pas beaucoup de place pour les zones grises si l'entreprise pense ce qu'elle dit dans son code d'éthique. "En fin de compte, c'est éthique ou pas éthique, légal ou pas légal. Lorsque l'entreprise a déjà défini sa position sur le plan éthique, vous devez avoir la réponse dans votre code d'éthique. Il arrive qu'un dilemme se pose lorsqu'une nouvelle situation se présente. Dans ce cas, une solution peut toujours être trouvée en s'appuyant sur la loi et les politiques internes.

 “Si les gens comprennent l'objectif de votre politique d'éthique et de conformité, vous pouvez renforcer la confiance dans l'organisation et les aider à sentir qu'ils peuvent s'exprimer.”

“De quel côté êtes-vous ?”

"Il y a deux défis fondamentaux dans ce rôle", déclare Marie-Agnès Vieitez : "Être perçu comme indépendant de la direction et avoir la confiance des employés. En ce qui concerne l'indépendance, elle constate que, pour beaucoup d'entreprises, c'est là que les zones grises apparaissent souvent. "Une question classique pour tester l'indépendance serait de savoir quel type de divertissement le PDG peut offrir ou accepter. Ce type de question devrait être soumis à un comité d'audit, plutôt qu'au PDG directement". Le comité d'audit est une autorité supérieure au PDG. Un tel mécanisme permet d'éviter qu'un "roi" non supervisé fasse ce qu'il veut dans son "royaume". Pour ce qui est de gagner la confiance des employés, Marie-Agnès révèle sa formule secrète : "Si les gens comprennent l'objectif de votre politique d'éthique et de conformité, vous pouvez renforcer la confiance dans l'organisation et les aider à sentir qu'ils peuvent s'exprimer. Elle estime qu'il est essentiel de réagir à chaque préoccupation soulevée par chaque employé, en particulier pour les problèmes mineurs. Cette approche encourage les gens à sentir que leur parole sera prise au sérieux.

UE vs États-Unis

Malgré la mondialisation, Marie-Agnès affirme qu'il existe une différence notable entre la culture européenne et la culture américaine. "Aux États-Unis, la culture penche vers la conformité avec une approche de la carotte et du bâton. Les entreprises européennes ont tendance à partir d'un point de vue éthique, en formant leur récit d'entreprise sur le voyage et l'objectif". Toutefois, les deux aspects étant d'une importance vitale, les entreprises américaines intègrent désormais davantage l'éthique dans leurs programmes de conformité, et les Européens renforcent la conformité dans leurs programmes d'éthique. conclut Marie-Agnès : "L'écart se réduit, et c'est une bonne chose.