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Comment les investisseurs sélectionnent et utilisent les ETF ?

Véronique Le Sourd , EDHEC-Risk Climate Impact Institute Senior Research Engineer

L’EDHEC vient de publier les résultats de son 12ème survey[2] Européen[1] : couvrant les ETFs, les stratégies Smart Beta et les stratégies factorielles.

Temps de lecture :
12 déc 2019
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L’EDHEC vient de publier les résultats de son 12ème survey[2] Européen[1] : couvrant les  ETFs, les stratégies Smart Beta et les stratégies factorielles. Cette enquête a été réalisée au cours du premier trimestre 2019, auprès d’investisseurs professionnels, réputés expérimentés dans ce type d’instruments et de stratégies (investisseurs institutionnels, sociétés de gestion d’actifs, gestionnaires de fortune), au moyen d’un questionnaire en ligne. Elle a permis d’obtenir les réponses de 182 participants répartis dans 25 pays européens, avec une forte représentation des membres de l’Union Européenne (70% des répondants). Ces répondants occupent des positions élevées dans leurs organisations (34% occupent des postes de direction exécutive et 42% sont des gestionnaires de portefeuille) et gèrent des actifs importants (42% d’entre eux représentent des entreprises gérant plus de 10 milliards d'euros d’actifs).

Cette étude s’appuie sur l’analyse des réponses obtenues cette année, avec également une mise en perspective de ces résultats avec ceux obtenus au cours des douze années précédentes. Il est ainsi possible d’apprécier au fil des années la perception qu’ont les investisseurs de ces différents produits que sont les ETFs, les stratégies factorielles et Smart Beta, ainsi que l’évolution de leur utilisation. Cette année, deux tendance se sont dégagées des résultats de notre étude : d’une part une demande croissante d’ETFs ayant comme support l’ISR (investissement socialement responsable) ou éthique, et d’autre part un grand intérêt pour les solutions Smart Beta portant sur les produits obligataires, même si leur utilisation reste encore modérée.

L’utilisation des ETFs dans des pratiques d’allocations tactiques de portefeuille gagne du terrain, mais il reste une marge de progression concernant leur utilisation pour obtenir une exposition des portefeuilles aux segments de marché plus spécialisés

Les résultats du survey montrent que les ETFs sont maintenant très largement utilisés pour investir dans les classes d’actifs traditionnelles. En 2019, 91% des personnes interrogées utilisaient les ETFs pour investir dans les actions, contre 45% en 2006. En ce qui concerne les obligations d'État et les obligations corporate, le résultat est passé de 13% et 6% en 2006, à 66% et 68%, respectivement, en 2019. Le rôle des ETFs devient de plus en plus tactique. Pour la première fois cette année, les ETFs ont été un peu plus largement utilisés dans des pratiques d'allocation tactique, consistant à réajuster ponctuellement l’exposition du portefeuille aux différentes classes d’actifs (53% des répondants), que pour les choix d’investissement de long terme (51%). Cette utilisation plus équilibrée suggère que le marché des ETFs arrive à maturité et que les investisseurs ont tendance à s’orienter aujourd’hui vers une utilisation plutôt plus active que passive des ETFs.

Les répondants au survey indiquent utiliser en tout premier lieu les ETFs pour obtenir une exposition au marché financier dans son ensemble (73% d’entre eux indiquent cet usage). Toutefois, on observe également une progression de l’utilisation des ETFs pour obtenir une exposition aux sous-segments de marchés, tels que les secteurs ou les styles de gestion, ce qui est à mettre en perspective avec le rôle de plus en plus tactique des ETFs, dans la gestion de portefeuille, observé chez les répondants. Les ETFs sont en effet des instruments de choix pour les réajustements réguliers de portefeuille, compte tenu de leur grande liquidité, de leurs faibles coûts de transactions et de la diversité de leur support.

Smart Beta et Stratégies Factorielles : une adoption qui continue de progresser dans un objectif d’amélioration de la performance

Introduites en 2013 dans notre étude, les stratégies factorielles et Smart Beta en constituent maintenant une partie importante. Le pourcentage de personnes interrogées qui investissent déjà, ou envisagent d’investir dans les stratégies smart beta et l’investissement factoriel, a encore progressé en 2019, par rapport aux années précédentes. Alors qu’en 2013 seulement 28% des répondants investissaient dans ce type de stratégies, cette proportion atteint 51% en 2019. Seuls 21% des répondants déclarent aujourd’hui ne pas envisager d’y investir, alors qu’ils étaient 36% en 2013. Si la part d’actif consacrée aux stratégies Smart Beta reste encore limitée pour une majorité de répondants (moins de 20% de l’actif total pour 70% d’entre eux), pas loin de la moitié d’entre eux (45%) envisage d’augmenter la part de cet investissement de 10 à 50%.

L’utilisation des stratégies Smart Beta et des stratégies factorielles est principalement motivée par une recherche d’amélioration de la performance des investissements, mais aussi par les possibilités offertes par ces stratégies d’un meilleur contrôle de l’exposition aux facteurs de risque des portefeuilles. L’investissement dans ce type de stratégies est effectué au moyen de solutions actives pour 61% des personnes interrogées, 55% des répondants utilisent des fonds indiciels et des ETFs et 20% des mandats spécialisés, les investisseurs pouvant avoir recours à une ou plusieurs de ces pratiques.

Développements futurs : un intérêt certain pour les ETFs et stratégies Smart Beta basés sur l’investissement durable

En plus de constituer une photographie des pratiques actuelles des investisseurs, notre enquête interroge également les répondants sur leurs perspectives futures d’investissement et leurs besoins pour les réaliser. 31% des répondants souhaitent voir se développer plus d’ETFs basés sur l’ISR. Ils sont également respectivement 30% et 28% à souhaiter le développement de nouveaux ETFs basés sur les indices multifactoriels et sur les indices Smart beta.

Les produits de taux sont le premier domaine dans lequel les répondants réclament des développements supplémentaires de solutions Smart Beta. L’offre actuelle dans la classe obligataire, encore assez restreinte, est sans doute un frein pour les investisseurs, si l’on regarde l’écart  entre l’intérêt qu’ils manifestent pour ce type de placement et leurs perspectives de croissance. Tout comme pour les ETFs, l’investissement durable (critères ESG, Environnement, Social, Gouvernance) est aussi un domaine dans lequel les répondants au survey estiment qu’il est nécessaire de développer plus de solutions Smart Beta.  Ils souhaiteraient également que soient développées plus de solutions sur mesure. Le développement de nouveaux produits répondant à ces exigences permettra certainement une adoption encore plus large des solutions Smart Beta par les investisseurs.

 


[1] Le Sourd, V. and L. Martellini. 2019. The EDHEC European ETF, Smart Beta and Factor Investing Survey 2019. EDHEC-Risk Institute Publication (September) : https://risk.edhec.edu/publications/edhec-european-etf-smart-beta-and-factor-investing-survey-2019.

[2] Ce survey a été réalisé dans le cadre de la chaire de recherche de l’EDHEC-Risk Institute « ETF, Indexing and Smart Beta Investment Strategies » soutenue par Amundi.