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La culpabilité héritée dans les entreprises familiales

Rania Labaki , Associate Professor, Family Business Chair Director
Fabian Bernhard , Associate Professor

Fabian Bernhard, professeur associé à l’EDHEC Family Business Centre et Rania Labaki, professeure associée de management et directrice de l’EDHEC Family Business Centre ont mené des recherches sur les membres d'entreprises familiales et leur capacité à à éprouver de la culpabilité vis-à-vis des actions de leurs ancêtres.

Temps de lecture :
17 déc 2020
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Récemment, les médias ont maintes fois publié des articles concernant les excuses ou les réparations présentées par les dirigeants d’une entreprise familiale pour des malversations commises par leurs ancêtres. Ces comportements sont autant de preuves récurrentes d’une culpabilité ressentie. Le Family Business Research Center d’EDHEC a mené une recherche sur les sentiments moraux régnant dans les entreprises familiales en explorant la capacité d’une génération à éprouver de la culpabilité vis-à-vis des actions de ses ancêtres. Cet article, qui a fait l’objet d’un examen par des pairs, est co-écrit par Fabian Bernhard, professeur associé à l’EDHEC Family Business Centre et Rania Labaki, professeure associée de management et directrice de l’EDHEC Family Business Centre. Les résultats de cette recherche sont présentés ci-dessous :

 

Voir l'infographie dans son intégralité

Mesurer la culpabilité héritée dans les affaires familiales 

La recherche répond à deux questions principales :

Pourquoi les enfants d’une entreprise familiale présentent une réaction émotionnelle face aux pratiques commerciales passées contraires à leur sens moral ? Dans quelle
mesure de tels sentiments peuvent influencer la prise de décision éthique dans l’entreprise familiale ?

Pour répondre à ces questions, les chercheurs ont interrogé les enfants de grandes entreprises familiales occidentales appartenant à une association internationale
d’entreprises familiales, âgées de 18 à 39 ans, qui y jouent ou joueront éventuellement un rôle actif. Les participants devaient réfléchir à un scénario présenté dans le questionnaire. Les réponses ont permis aux chercheurs de mesurer la culpabilité comme sentiment moral directeur ainsi que d’autres variables pertinentes identifiées dans l’examen de la littérature.

“On ne peut comprendre la vie qu'en regardant en arrière, on ne peut la vivre qu'en regardant en arrière”

Cette citation de Søren Kierkegaard (1997) résume bien les résultats de cette recherche :

- L’étude du passé peut aider à découvrir la dynamique émotionnelle qui préside aux comportements d’affaires de famille.

- Les sentiments moraux et en particulier la culpabilité peuvent être à la base du bagage socio-émotionnel qui influencent les décisions commerciales des entreprises familiales. 

- Cette culpabilité peut être transgénérationnelle, agissant comme une cloison entre les membres incriminés et ceux qui éprouvent de la culpabilité. Cela signifie que les émotions des membres de l’entreprise familiale peuvent être héritées et étroitement liées aux méfaits de leurs ancêtres.

- Néanmoins, un sentiment de rattachement fort avec la famille peut empêcher l’apparition de cette émotion prosociale et morale de culpabilité. 

- C’est pourquoi les enfants de ces entreprises doivent réfléchir à leur rattachement familial, car cet élément peut faire obstacle à l’introspection.

- La culpabilité peut permettre aux entreprises familiales de chercher des pratiques commerciales plus responsables, comme proposer des indemnisations, présenter des excuses et engager des changements de pratiques commerciales.

En un mot

Moins la jeune génération éprouve un attachement familial fort, plus la culpabilité héritée se manifeste. La culpabilité pousse ensuite la jeune génération à chercher des comportements plus responsables, comme proposer des indemnisations, présenter des excuses et engager des changements de pratiques commerciales.


L’article original publié dans Family Business Review est accessible ici.

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